
Les droits humains fondamentaux :
une zone à défendre !
A travers cette thématique des droits fondamentaux, ce POP MIND souhaitait interroger les responsabilités, les démarches et les projets des actrices et acteurs culturels (et au-delà) au regard des droits humains dans un contexte à la fois empreint de difficultés et de reculs, mais également dans lequel vibrent une grande diversité d’initiatives et de dynamiques positives.
Accueillie au 106, à Rouen, cette édition était organisée par l’UFISC avec le Collectif des Associations Citoyennes et l’association Opale. en lien avec plus d’une vingtaine de réseaux d’acteurs du champ culturel et artistique, de l’éducation populaire, de la solidarité internationale, de l’économie solidaire, du social…
La 4ème édition de POP MIND s’est tenue du 19 au 21 mars 2019 au 106 à Rouen.
Co-organisée par l’UFISC, le Collectif des Associations Citoyennes et l’association Opale, en lien avec plus d’une vingtaine de réseaux parmi lesquels on peut citer : le Mouvement pour l’Economie Solidaire (MES), Biens Communs, le CRID, l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI), le réseau Rman, le RIPESS Europe, la PFI… et bien d’autres !
Ce temps unique, fédérateur et générateur d’émulation collective, a ressemblé plus de 300 participants autour de la thématique des droits fondamentaux, explorée à travers plusieurs fils rouges sur 25 plénières, tables rondes et ateliers , en compagnie d’une centaine d’intervenants-es français et européens . Un plébiscite donc, en faveur de la fraternité, de la liberté et de la solidarité, alors que les droits fondamentaux sont mis à mal en France et en Europe.
Pendant ces 3 jours de débats, les participants-es ont témoigné de la multitude d’initiatives qui tissent, au quotidien sur les territoires, des dynamiques solidaires au service de l’intérêt général, et pour lesquelles les droits fondamentaux constituant à la fois une base et un horizon éthique et politique. Ils ont réaffirmé avec force la culture comme un outil de résistance, d’émancipation et de construction collective. Ils ont redit que nous ne nous laisserons pas déshumaniser, marchandiser, financiariser !
La déclaration de sortie
L’appel lancé par les 350 participant·e·s réuni·e·s à Rouen du 19 au 21 mars dernier lors des trois journées de travail et d’échanges proposées lors de la quatrième édition de POP MIND est unanime : les droits humains fondamentaux sont mis à mal en France et en Europe. Ils doivent redevenir un horizon éthique et politique, à partir duquel construire nos responsabilités citoyennes, professionnelles et d’action publique.
La culture est un outil de résistance, d’émancipation et de construction collective. Sortons des cases et des normes paralysantes. Reprenons la main, créons et partageons nos imaginaires ! Bâtissons ensemble nos conceptions de l’avenir.
Plus de 25 ateliers ont témoigné de la multitude des initiatives citoyennes qui, dans les arts et la culture comme dans le champ social, agricole, international…, entreprennent, coopèrent, créent chaque jour et revendiquent un projet de société fondé sur les droits humains. Défendre les droits humains au quotidien, c’est un peu utopique, mais les actrices et acteurs artistiques, sociaux, environnementaux, solidaires, rassemblés à POP MIND, savent que c’est là ce qui les pousse à proposer, avancer, progresser. Ils constituent des forces vives pour garantir l’exercice de ces droits, en particulier culturels, au plus près des territoires, pour aider à participer à une vie plus solidaire et démocratique au quotidien.
Les droits humains, qui recouvrent les droits culturels, sont essentiels à toute vie sociale. Ils mettent en avant la relation digne entre les personnes et notre capacité à faire humanité à travers la culture. Les acteurs artistiques et culturels ont cette responsabilité essentielle d’être toujours aux avant-postes pour l’échange et le dialogue, la réflexion et les interrogations, le doute et le débat partout, dans tous les espaces publics, qu’ils soient des espaces immatériels ou des places physiques, en accueillant dans des lieux artistiques ou en partageant là où sont les personnes.
Rendre possibles les expressions artistiques des personnes, leur permettre de dire, de voir, d’entendre le monde, proposer des lieux de pratiques, des espaces de partage, de débat et de délibération, des modes de contribution, pour faire sens ensemble… voilà leur engagement.
Il est temps de remettre en action l’éducation populaire et de (re)lier culture et sociétal.
Il est crucial d’accompagner une démocratie active et approfondie, reposant sur des valeurs fondamentales.
Lors des échanges, les participant·e·s ont témoigné de leur engagement à mettre en œuvre la transformation sociale, de façon ouverte et engagée, sur la base de leurs valeurs. Ils ne peuvent se laisser déshumaniser, marchandiser, financiariser. Les vies humaines ne peuvent pas être au service d’une économie d’exploitation, financiarisée et qui prend le pas sur tout. Les démarches culturelles ne sont pas à vendre, et les acteurs rassemblés témoignent des centaines de milliers d’initiatives qui agissent chaque jour et qui sont le nombre.
Des combats ont été gagnés sur les droits culturels et l’économie sociale et solidaire, sur la relation partenariale par la subvention, sur l’amélioration des protections sociales dans l’intermittence, sur une meilleure prise en compte des démarches artistiques et coopératives, sur la reconnaissance des entreprises non lucratives et solidaires dans des espaces de coconstruction professionnelles et de politiques publiques. Il faut continuer et aller plus loin, en étant conscients du contexte menaçant.
Car le retour de l’autorité, la défiance vis-à-vis de l’autre, la restriction des libertés ne peuvent être l’avenir des sociétés. Les actrices et acteurs de POP MIND ont partagé leurs constats. Les démocraties font face aux replis et à la montée des droites extrêmes et de leurs idées, au glissement progressif vers des formes nouvelles d’autorité et de violence, vers des légitimations de la censure et du contrôle exacerbé. Les logiques de concentrations financières mondialisées qui menacent les solidarités et les dignités se font toujours plus fortes. Les multinationales accaparent le commun, accumulent les profits et cherchent à contrôler l’état démocratique par leur lobbying. Les marchandisations insidieuses des métiers, des projets, des relations humaines avancent. La diversité est remise en cause sous prétexte de concentration et de changement d’échelle, les droits humains et du collectif sont renvoyés au second plan sous prétexte de pragmatisme, de gouvernance par les nombres, de performance et de seule rentabilité monétaire.
Face à cela, les initiatives d’économie sociale et solidaire constituent des espaces d’expression, d’expérimentation, de justice et d’émancipation indispensables pour bâtir une résistance et une offensive citoyenne.
Il est urgent de porter la voie solidaire d’une économie transformatrice ! Pour les artistes et les actrices et acteurs culturels et citoyens, la liberté d’expression, la liberté de création, la liberté de circuler, d’aller dans l’espace public sont cruciales. Or, elles sont mises en danger. Les libertés de circulation se restreignent, l’accueil des exilé·e·s est indigne et les actes de solidarité rendus délictueux. Les discriminations demeurent fortes selon le genre, la catégorie sociale, le quartier, la couleur de peau, le pays d’origine, etc. Les procédés de surveillance vidéo et numérique généralisés, le contrôle des données, remettent en cause des libertés fondamentales. Les lois de sûreté accroissent les usages de défiance au quotidien. La censure progresse. Les actrices et acteurs culturels appellent à remettre de la confiance dans les libertés fondées sur les droits humains, à les nourrir en favorisant les intersubjectivités, à défendre une éthique de l’accueil et de la responsabilité, à proposer de nouveaux droits.
L’égalité sociale et territoriale est primordiale comme l’objectif de justice sociale portée par les droits humains. Il n’y a pas de désert culturel mais de profondes inégalités et une redistribution toujours plus nécessaire. L’égalité entre les dignités des personnes, c’est aussi être attentif à la personne à laquelle on s‘adresse, tenir compte de son parcours d‘identité et de sa dignité, créer du lien, du commun. Les initiatives réunies à Popmind, les collectifs, les groupes et compagnies de musique, d’arts visuels, de théâtre, de marionnettes, de rue, de conte, les festivals, les salles, les lieux intermédiaires, les espaces de fabrique, les radios, les médias, les équipe et structures qui réinventent dans une multitude d’activités des pratiques d’accueil, d’expression, de participation, d’auto-organisation… y travaillent tous les jours. Ils participent à entretenir la diversité culturelle.
Les participant·es ont remis sur le devant de la scène la fraternité pour permettre un vivre ensemble solidaire, une solidarité qui se vit et se met en œuvre chaque jour, de façon démocratique, portée par les citoyens. Ils portent la revendication d’une économie sociale et solidaire parce que, face au capitalisme, à la marchandisation des esprits, à la concurrence, face à ce qui réduit la culture à un bien de consommation, il faut revendiquer nos démarches citoyennes, volontaires et originales. Les associations englobent la majorité des entreprises culturelles contrairement à ce que montre la partition entre le secteur public administré et le secteur lucratif. Le travail de tous et au sein de l’UFISC pour affirmer la troisième voie de l’économie sociale et solidaire progresse. C’est une mobilisation majeure.
Prospectifs et concrets, conduits par un horizon politique, les participant·es ont affirmé leur volonté d’élaborer des formes d’organisation souples, à la fois massives et horizontales basées sur des principes de multitudes (telles les expériences du libre), de l’autonomisation des personnes et de la capacité à faire communs.
Les ateliers de POP MIND ont montré que les actions et chantiers pour défendre et investir ces droits sont nombreux :
- Dans les politiques publiques, avec les questions qui nous guident : Pour quel projet d’humanité ? Comment les traduire en actes et les rendre effectifs ? Comment les renforcer ?
- Dans le champ du travail, car dans une perspective d’élargissement démocratique, comment ne pas considérer les modes de travail et la structuration professionnelle, les métiers et la formation comme des terrains de mobilisation pour concevoir des « règles » centrées sur les droits humains ?
- Dans l’économie solidaire car l’économie, organisation culturelle de nos modes de vie, doit être au service des droits fondamentaux. Les visées d’utilité sociale, la non lucrativité, les modes de gouvernance, les communautés de travail et relations coopératives, la maitrise des outils de production et des organisations économiques sont des actes conduits au quotidien.
Toutes et tous ensemble, nous nous donnons pour suites et perspectives :
- Des contributions politiques aux niveaux européen et national, une campagne à l’occasion des élections municipales,
- Le renforcement de l’UFISC et de nos organisations collectives pour affirmer le champ culturel de l’économie sociale et solidaire, au national et en région,
- Le travail collectif dans des chantiers au long cours portés par l’UFISC, ses membres et partenaires, de façon ouverte,
- Des temps de rencontres et de formations pour continuer à comprendre et à déconstruire.
… Et bien sûr, un prochain rendez-vous POP MIND !
Les 25 organisations contributrices de ce POP MIND 2019 remercient chaleureusement l’équipe du 106 , co-organisateur de l’événement. Nous espérons que les participants-es ont pris autant de plaisir à découvrir ce lieu que nous en avons eu à les y accueillir !
Un grand merci également aux intervenant-es qui ont accepté de mettre en partage leurs travaux, ainsi qu’aux personnes de tout horizon qui ont assisté aux ateliers et tables rondes, et contribué à la richesse des échanges.
Enfin, nous remercions tous nos partenaires qui se sont lancés dans l’aventure avec enthousiasme, notamment les radios normandes de découverte musicale HDR (Rouen), Ouest Track Radio (Le Havre), Principe actif (Evreux), Radio 666 (Hérouville), Radio Campus Rouen , Radio Lomax (web radio du 106), Radio Phenix (Caen) et Radio Pulse (Alençon), qui ont découvert ce POP MIND en partenariat avec la Ferarock et Radio Campus France , et grâce à nos échanges ont trouvé un écho sur les ondes.
POP MIND 2019 en images









