Résumé
Au sein des démocraties occidentales, sous la pression des gouvernements, la restriction des libertés fondamentales est de plus en plus prégnante et inquiétante. Atteints dans leurs capacités d’expression, d’action et de contestation et questionnement des pouvoirs établis, les acteurs de la société civile font actuellement un effort sans précédent pour résister à ce processus de limitation à l’espace public, celui qui permet la délibération et donc l’oxygène démocratique.
Cet atelier proposait une mise en perspective historique du processus de rétrécissement des libertés. Alors que les conventions internationales d’après-guerre visaient à garantir les libertés individuelles, en France, depuis les années 1970, une succession de lois n’a fait que restreindre nos libertés dans l’espace public sous différents prétextes tels que le maintien de l’ordre public ou la lutte contre le terrorisme. Entre prolongement de l’état d’urgence et multiplication des lois sécuritaires, l’espace public n’apparaît plus comme un espace de liberté. Le champ artistique y est lui-même confronté, comme en témoigne la volonté des pouvoirs publics d’enfermer les arts de la rue. Le droit à la sécurité, « droit subjectif le plus fondamental des droits de l’homme », soulève de nombreuses problématiques. Les débats se sont centrés autour de la tension entre capitalisme et démocratie mise en évidence par Habermas au XXème siècle. Le sociologue Jean-Louis Laville analyse ce qu’il appelle la « 3ème vague du néolibéralisme », plus autoritaire et répressive. La définition et l’organisation de l’espace public ont également été abordées et ont débouché sur l’idée que la réappropriation de l’espace public par les citoyen·ne·s, à travers le système des communs, s’avère être essentielle.
Cependant, alors que l’autoritarisme progresse, les initiatives citoyennes se multiplient au niveau international. Pour les acteurs associatifs et/ou culturels, l’enjeu est de faire front pour constituer une force commune reposant sur la complémentarité de chacun·e. Des collectifs s’organisent ainsi dans de nombreux pays pour résister aux lois sécuritaires scélérates. Une convergence des luttes semble aujourd’hui être une nécessité, ou du moins une « alliance » entre collectifs.
Intervenant·es
- Valérie de Saint-Do, membre de l’Observatoire de la liberté de création
- Jean-Luc Prevost, président de la Fédération nationale des arts de la rue
- Jean-Claude Boual, président du Collectif des Associations Citoyennes
- Jean-Louis Laville, sociologue, chercheur associé au Collège d’études mondiales, Maison des Sciences de l’Homme, titulaire de la Chaire Economie Solidaire du CNAM

Ressources
- Lire Alain Supiot, L’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total (2010)
- Lire Joëlle Zask, Quand la place devient publique (2018)
- Découvrir L.A coalition, collectif proposant des stratégies de riposte contre les répressions subies par le secteur associatif
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