La liberté de circuler est un droit humain, affirmé et protégé le plus souvent dans les constitutions nationales, notamment en France et en Europe voire internationales. De prime abord, on pourrait imaginer que l’espace public à l’usage de toutes et tous est égalitaire. Pour autant, de nombreuses femmes ne s’y sentent pas légitimes. Comment se manifeste le genre dans l’espace public ? L’espace public est-il plutôt vecteur d’égalité comme pourrait le laisser entendre sa définition ou reproduit-il les codes de domination sociale qui tendent à codifier la présence, la fonction, la circulation, la représentation (…) des femmes ?
L’atelier a cherché à analyser la place des femmes dans un espace public souvent construit sans elles. Une invisibilité renforcée par la difficulté des femmes à s’approprier et à occuper cet espace public. Quels rôles peuvent alors jouer les artistes dans un processus de réappropriation ?
Intervenant·es
- Anne-Sophie Pauchet, Metteuse en scène et Directrice artistique de la compagnie Akté et représentante du conseil d’administration d’HF Normandie
- Lucile Rivera-Bailacq, Coordination du CRDLA Culture, animation du site ressource Culture & ESS à Opale
- Chloé Rémy, Chargée des associations et des partenariats à FGO-Barbara
- Marie Bongars, Animatrice du podcast « Une sacrée paire d’ovaires »
- Thomas Urdy, Maire adjoint à l’urbanisme, environnement et qualité de vie à Trappes
SOMMAIRE DU DOCUMENT (cliquer pour dérouler)
- Favoriser l’égalité dès le plus jeune âge dans un espace public
- Les Journées du matrimoine pour lutter pour l’égalité femmes-hommes dans les milieux de l’art et de la culture
- Améliorer un lieu culturel à travers une « marche exploratoire » pour favoriser l’accueil des les femmes : l’exemple de FGO Barbara
- « Une sacrée paire d’ovaires », la visibilité des femmes dans l’espace numérique : Instagram comme espace de libération sexuelle
Favoriser l’égalité dès le plus jeune âge dans un espace public
Les cours de récréation sont des lieux très genrés et reproduisent au final les mêmes codes et les mêmes stéréotypes imposés par la société. Elles sont à l’image de l’espace urbain en règle générale : un lieu créé par et pour les hommes. Pour permettre à chaque enfant de s’émanciper librement, certaines villes de France, comme Trappes-en-Yvelines, ont réaménagé leurs cours de récréation en tentant de s’affranchir des stéréotypes véhiculés par un aménagement « genré ». Ainsi, il s’agit de changer les préconceptions dès l’enfance avec par exemple le changement de couleur de sol avec du violet et des toboggans en rose, de réaménager l’espace etc, afin d’atténuer la séparation invisible qui régnait dans l’ancienne cour : les filles d’un coté (ou plutôt dans les recoins) et les garçons de l’autre qui s’approprient en général le terrain central.
Les Journées du matrimoine pour lutter pour l’égalité femmes-hommes dans les milieux de l’art et de la culture
Constituée en 2011, HF Normandie a contribué à la création de la Fédération interrégionale du Mouvement HF dont elle est membre. L’association a pour but le repérage des inégalités entre les hommes et les femmes dans les milieux de l’art et de la culture et la mobilisation contre les discriminations observées dans le but de favoriser l’égalité réelle et la parité. L’association HF agit en faveur des droits professionnels et veille à la juste représentation des œuvres, des idées et des revendications des créatrices et actrices de la vie culturelle en incitant à ce que ce débat soit ouvert dans l’espace politique et public. Pour ce faire, elle anime des réunions d’information en Normandie et propose des temps d’échanges et de sensibilisation. Elle participe notamment à la valorisation du matrimoine normand à travers des actions ponctuelles mais s’implique également au niveau national dans le Mouvement HF de la fédération interrégionale. L’organisation des Journées sur Matrimoine de Normandie en 2016, 2018 et 2019 est une de ses actions phares.
En 2019, l’événement a sélectionné, via un appel à projets, environ 35 propositions artistiques et culturelles dans des lieux de diffusion, en lien avec le patrimoine, de projets d’artistes, de compagnies.
Améliorer un lieu culturel à travers une « marche exploratoire » pour favoriser l’accueil des les femmes : l’exemple de FGO Barbara
La démarche de « marche exploratoire » s’entend comme une réappropriation des espaces par les femmes et d’observation des espaces discriminants. FGO Barbara est un établissement culturel situé à Paris qui a entrepris un travail en profondeur sur toutes les problématiques liées à l’égalité femmes hommes, à travers des enquêtes quantitatives et le lancement d’actions concrètes pouvant impulser directement un changement sur le terrain pour les femmes. L’une des actions phares menées par FGO Barbara est la marche exploratoire empruntée à des pratiques en urbanisme. Ces marches exploratoires, qui permettent de travailler dans la durée et en continuité, questionnent la perception des femmes de ces lieux et aident à comprendre dans quelles mesures l’agencement interne peut les dissuader de se rendre dans ces lieux. Après la création d’un groupe de travail d’usagères en non-mixité, un premier temps a été organisé pour travailler sur la perception du lieu et la confronter aux vrais plans. Ensuite, une marche libre, sans parcours et en binôme, s’est déroulée et a été suivie d’une seconde marche guidée par un animateur. Cela met en exergue les endroits qui posent problèmes en termes de sécurité ou de luminosité. Un diagnostic et des préconisations ont enfin été élaborés et présentés à l’équipe et à la direction lors d’un temps d’échange.
Cette initiative est portée en partenariat avec un groupe de travail, dont le RIF (réseau des musiques actuelles en Ile-de-France) et le mouvement HF font partie, et a vocation à être appliquée dans d’autres lieux de diffusion des musiques actuelles. Le groupe de travail réfléchit à la création d’une boîte à outil qui permettra aux lieux, de musiques actuelles et plus largement, de s’emparer de cette question et de mettre en œuvre des « marches exploratoires » pour améliorer l’accueil des personnes, notamment des femmes.
« Une sacrée paire d’ovaires », la visibilité des femmes dans l’espace numérique : Instagram comme espace de libération sexuelle
L’autrice féministe Marie Bongars a lancé le podcast Une sacrée paire d’ovaires qui raconte la vie de femmes qui ont fait, ou font, l’Histoire. Elle est revenue sur Internet comme un espace public très violent à l’égard des femmes et qu’il faut donc questionner. En effet, au lancement de son compte Instagram en mai 2018, elle a reçu une déferlante de commentaires odieux, voir même la suppression de certain de ses publications alors que ces dernières sont des faits avérés et vérifiés. Il existe cependant une forme de libération possible sur Internet et des communautés solidaires d’internautes de femmes qui se renforcent avec le temps. Ces communautés d’internautes échangent sur le sexisme et les manières de faire face à ce type de harcèlements.
Le Réseau rural national français sensibilise à la question de l’égalité femmes-hommes dans le monde agricole
Depuis 2008, chaque pays membre de l’Union européenne a mis en place un « réseau rural » pour la période 2014-2020. Les programmes de développement découlent de la stratégie Europe 2020 visant une « croissance intelligente, durable et inclusive ». Ils répondent à six priorités : favoriser le transfert de connaissance et l’innovation, améliorer la viabilité et la compétitivité de tous les types d’agriculture, promouvoir l’organisation de la chaîne alimentaire, le bien-être des animaux et la gestion des risques agricoles, restaurer, préserver et renforcer les écosystèmes, promouvoir l’utilisation efficace des ressources et soutenir la transition vers une économie sobre, promouvoir l’inclusion sociale, la réduction de la pauvreté et le développement économique. Pour le RRN, l’égalité femmes-hommes est un sujet transversal sur lequel ils sensibilisent les porteurs de projets à travers l’organisation d’une journée de travail sur le sujet, la contribution à des travaux nationaux et européens sur l’emploi des femmes en milieu rural et l’égalité des genres ou encore une veille sur le sujet notamment dans les champs agricole et du développement rural.

Ressources
Ressources en lien avec les interventions et thématiques abordées lors de cette plénière conclusive
- Découvrir le projet égalité femmes-hommes porté par l’UFISC »Le Réveil FH !«
- Découvrir les travaux du Réseau rural français.
- Découvrir le travail du géographe Yves Raibaud, spécialiste de la géographie du genre (par exemple « En finir avec la fabrique des garçons », article rédigé avec Sulvie Ayral pour le CNRS en partenariat avec Libération).
- Découvrir HF Normandie, association qui a pour but le repérage des inégalités entre les hommes et les femmes dans les milieux de l’art et de la culture et la mobilisation contre les discriminations observées dans le but de favoriser l’égalité réelle et la parité
- Découvrir le Matrimoine, constitué de la mémoire des créatrices du passé et de la transmission de leurs œuvres
- Ecouter « Une sacrée paire d’ovaires », le podcast de Marie Bongars.
- Consulter la méthodologie « marche exploratoire » proposée par Secrétariat général du Comité interministériel des villes (2012), et l’article « Les marches exploratoires, un outil féministe pour repenser l’aménagement urbain » de l’Institut du genre en géopolitique (avec une bibliographie particulièrement pertinente).
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